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3 juin 2008

encyclopédicade

ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ

DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS


encyclopédie française, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de
Denis Diderot (1713-1784) et de Jean Le Rond d'Alembert (1717-1783)   

 

GENÉVRIER, s. m. juniperus, (Hist. nat. bot.)

Genre de plante à fleur en chaton, composée de plusieurs petites feuilles qui ont des sommets. Cette fleur est stérile. Le fruit est une baie qui renferme des osselets anguleux, dans lesquels il se trouve une semence oblongue. Les feuilles de la plante sont simples & plates.

Cet arbrisseau, quelquefois arbre, est connu de tout le monde; parce qu'il croît dans toute l'Europe, dans les pays septentrionaux & dans ceux du midi, dans les forêts, dans les bruyères, & sur les montagnes. Il est sauvage ou cultivé, plus grand ou plus petit, stérile ou portant du fruit, domestique ou étranger.

On a autrefois confondu sous le même nom, les cèdres & les genévriers. Mais heureusement les noms vulgaires ne peuvent causer des erreurs, depuis qu'on a décrit & caractérisé le genévrier d'une manière à le distinguer infailliblement du cèdre, du cyprès, & de tout autre arbre. Ses feuilles sont longues, étroites & piquantes; ses fleurs mâles sont de petits chatons qui ne produisent point de fruit; le fruit est une baie molle, pulpeuse, contenant trois osselets qui renferment chacun une graine oblongue.

Entre les espèces de genévriers que comptent nos Botanistes, il y en a deux générales & principales; le genévrier commun arbrisseau, & le genévrier commun qui s'élève en arbre.

Le genévrier arbrisseau se trouve par  tout; c'est le juniperus vulgaris, fruticosa, de C. B. P. 488. J. R. H. 588. Ses racines sont nombreuses, étendues de tout côté; & quelques - unes sont plongées profondément dans la terre. Son tronc s'élève quelquefois à la hauteur de cinq ou six pieds ; il n'est pas gros, mais branchu & fort touffu. Son écorce est raboteuse, rougeâtre, & tombe par morceaux. Son bois est ferme, un peu rougeâtre, surtout quand il est sec; il sent bon & jette une odeur agréable de résine. Ses feuilles sont pointues, très étroites, longues d'un pouce, souvent plus courtes, roides, piquantes, toujours vertes, placées le plus souvent trois à trois autour de chaque noeud. Ses fleurs sont des chatons qui paroissent au mois d'Avril & de Mai, à l'aisselle des feuilles; ils sont longs de deux ou trois lignes, panachés de pourpre & de couleur de safran, formés de plusieurs écailles, dont la partie inférieure est garnie de trois ou quatre bourses plus petites que la graine de pavot, remplies d'une poussière dorée très fine: ces sortes de fleurs sont stériles. Les fruits viennent en grand nombre sur d'autres espèces de genévriers qui n'ont pas d'étamines; ce sont des baies ordinairement sphériques, contenant une pulpe huileuse, aromatique, d'un goût résineux, âcre & doux.

Le genévrier commun qui s'élève en arbre, ou le grand genévrier, juniperus vulgaris, arbor, de C. B. P. Tournef. juniporus vulgaris, celsior, de Clusius, ne diffère du petit genévrier qu'on vient de décrire, que par sa hauteur, qui même varie beaucoup suivant les lieux de sa naissance. On dit qu'en plusieurs pays d'Afrique, il égale en grandeur les arbres les plus élevés. Son bois dur & compact est employé pour les bâtiments. Cet arbre pousse en haut beaucoup de rameaux, garnis de feuilles épineuses, toujours vertes. Les chatons sont à plusieurs écailles & ne laissent aucun fruit après eux; car les fruits naissent en des endroits séparés, quoique sur le même pied qui porte les chatons; ils sont noirs, odorants, aromatiques, d'un goût plus doux que ceux du petit genévrier. On distingue cet arbre du cèdre, non seulement par son fruit, mais encore par ses feuilles qui sont simples & plates; au lieu que les feuilles du cèdre sont différentes, & semblables à celles du cyprès. C'est ce qui prouve que les Grecs en confondant les cyprès, les genévriers & les cèdres, n'ont point connu les cèdres du mont Liban.

Le grand genévrier est cultivé dans les pays chauds, comme en Italie, en Espagne & en Afrique; il en découle naturellement ou par incisions faites au tronc & aux grosses branches pendant les chaleurs, une résine qu'on appelle gomme du genévrier, ou sandaraque des Arabes.

Le genévrier à baie rougeâtre, juniperus major, baccâ rubescente, de C. B. & de Tournefort, est du nombre des grands genévriers. Il est commun en Languedoc, où il porte de gros fruits rougeâtres, mais peu savoureux. On distille par la cornue son bois, pour en tirer une huile fétide, que les Maréchaux employent pour la galle & les ulcères des chevaux: c'est là cette huile qu'ils nomment l'huile de Cade.

Le genévrier d'Afie à grosses baies, juniperus Asiatica, latifolia, arborea, cerasi fructu, de Tournefort, peut être une variété du genévrier précédent. On le trouve, dit - on, sur les montagnes en Asie, & il n'y croît qu'à la hauteur de sept ou huit pieds. Son fruit est gros comme une prune de damas, rouge, rempli d'une chair sèche, fongueuse, de la même couleur, d'un goût doux, aigrelet, astringent, agréable, sans odeur apparente, contenant cinq ou six osselets plus gros que des pépins de raisins, durs, rouges, & oblongs.

Les genévriers de Virginie & des Bermudes sont du nombre des genévriers exotiques qu'on cultive le plus en Angleterre. On a trouvé le moyen de les élever dans cette île jusqu'à la hauteur de vingt - cinq pieds, en coupant leurs branches inférieures de temps à autre, & pas trop près, pour ne point les blesser à cause de l'abondance de leur sève qui ne manqueroit pas de s'écouler. Ils font des progrès considérables au bout de quatre ans, & résistent aux plus grands froids du climat. (...)

Le bois de nos genévriers n'est d'aucun usage en charpenterie ni en menuiserie; il ne sert qu'à être brulé à cause de sa bonne odeur, pour corriger l'air corrompu par de mauvaises exhalaisons.

GENÉVRIER (Chimie & Mat. méd.)

Toutes les parties du genévrier contiennent une huile essentielle qui se manifeste par une odeur forte: cette huile est unie dans les bois & dans les racines, à une substance résineuse qui en découle dans les pays chauds, par l'incision que l'on fait à son écorce. Cette matiere abonde surtout dans le grand genévrier qui croît dans les provinces méridionales du royaume, & qui y est connu sous le nom de cade.

On retire dans ces pays de cette dernière espèce de genévrier, une huile empyreumatique, noire & épaisse, en distillant le tronc & les branches de cet arbrisseau dans un appareil où le fourneau sert en même temps de vaisseau contenant, & qui est construit sur les mêmes principes que celui dans lequel on prépare la poix noire. Cette huile empyreumatique qui est connue sous le nom d'huile de cade, est fort usitée dans nos provinces méridionales contre les maladies extérieures des bestiaux, & surtout dans la maladie éruptive des moutons, appelée petite vérole ou picote.

Cette huile entre dans la composition du baume vert; elle est véritablement caustique, si l'on en touche l'intérieur d'une dent creuse, elle cautérise le nerf & calme la douleur: mais si l'on continue à l'appliquer, elle fait bientôt tomber la dent en pièces. Quelques uns ont osé la donner intérieurement contre la colique & les vers; mais on ne peut avoir recours à ce remède sans témérité. C'est là l'unique médicament que le grand genévrier fournit à la Médecine; médicament encore dont les usages sont très peu étendus comme l'on voit.

C'est du petit genévrier, du genévrier commun, de celui qui croît dans toute l'Europe, que nous allons parler dans le reste de cet article. Ce sont ses baies que l'on employe principalement en Medecine.

On retire des baies de genievre une eau distillée, une huile essentielle; on en prépare un vin & un rob ou extrait.  

Les Allemands employent fréquemment dans leurs cuisines les baies de genievre à titre d'assaisonnement. Etmuller les appelle l'aromate des Allemands. Nous en faisons un fréquent usage, mais seulement à titre de médicament. Nous les employons principalement dans les maladies de l'estomac, qui dépendent de relâchement, de foiblesse & d'un amas de glaires tenaces & épaisses. Nous les regardons comme souveraines contre les vents, les coliques venteuses, les digestions languissantes. Elles passent aussi pour déterger les reins & la vessie, pour faire chasser les glaires des voies urinaires, & pour faire sortir hors du corps les sables & les calculs. Elles sont célébrées aussi comme béchiques & comme principalement utiles dans l'asthme humide: on leur a accordé aussi la qualité sudorifique, emménagogue & alexipharmaque: c'est à ce dernier titre que quelques - uns les ont appelées la thériaque des gens de la campagne.

On prescrit les baies de genièvre à la dose d'un gros ou de deux, que l'on mange de temps en temps dans la journée, ou que l'on prend en infusion dans de l'eau ou dans du vin.

L'extrait ou le rob de genièvre, qui est aussi appelé la thériaque des Allemands, se prescrit dans les mêmes vues à la dose d'un gros dans du vin d'Espagne, dans de l'eau de genièvre, ou dans quelqu'autre liqueur convenable: on le fait entrer aussi avec d'autres remèdes dans les électuaires magistraux.

L'eau distillée des baies de genièvre est fort vantée par Etmuller pour les coliques & la néphrétique; elle excite doucement l'excrétion de l'urine, selon cet auteur; & elle corrige sur - tout la disposition au calcul, si on en boit à jeun pendant un certain temps quatre ou six onces. On ne sauroit compter sur l'efficacité de l'eau distillée de genièvre, comme sur l'extrait ou sur le fruit même pris en substance.

On retire du vin de genièvre par la distillation un esprit ardent, auquel on accorde communément des vertus particulières; mais on ne peut en attendre raisonnablement que les effets communs des esprits ardens.

L'huile essentielle de genièvre dissoute dans l'esprît - de - vin, ou donnée sous forme d'aleo - saccharum dans une liqueur convenable, est fort diurétique, emménagogue & carminative: mais, selon Michel Albert cité par Geoffroi, on ne doit pas en permettre trop facilement l'usage intérieur, parce qu'elle échauffe beaucoup. On peut l'employer à l'extérieur dans les onguens nervins & fortifians.

Les auteurs de Pharmacopée recommandent de brûler le marc de la préparation du rob, & d'en retirer un sel, auquel ils attribuent plusieurs vertus particulières, & analogues pour la plûpart aux propriétés du fruit dont il est retiré: mais nous ne croyons plus que les sels préparés par la combustion des végétaux, retiennent les propriétés de la matière qui les a fournis; & nous ne reconnoissons dans ces sels que des qualités communes.
On fait un élixir de genièvre avec l'extrait délayé dans l'esprit ardent, c'est un bon stomachique & un diurétique actif. La dose est d'une cuillerée.

Le ratafia préparé par l'infusion des baies de genièvre dans de l'eau - de - vie, est un cordial stomachique fort usité, & qui produit réellement de bons effets.

M. Chomel recommande fort pour la teigne, un onguent fait avec les baies de genièvre pilées & bouillies, & le saindoux.

De toutes ces vertus du genièvre que nous venons de rapporter, les plus évidentes sont sa qualité stomachique, carminative & diurétique. M. Geoffroi observe très judicieusement que si on l'employe sans distinction de cas dans toutes les maladies de l'estomac & des voies urinaires, on causera quelquefois des ardeurs ou des suppressions d'urine, des distensions dans l'estomac, des rots, & une plus grande quantité de vents qu'auparavant: mais cela même est le plus grand éloge qu'on puisse faire de ce remède; car ces médicamens innocens qui, s'ils ne font point de bien ne peuvent jamais faire du mal selon l'expression vulgaire, peuvent être très raisonnablement soupçonnés d'être dans tous les cas aussi inutiles que peu dangereux.

Les baies de genièvre entrent dans les compositions suivantes de la pharmacopée de Paris; savoir l'eau thériacale, l'eau genérale, l'eau prophylactique, l'opiate de Salomon, l'orviétan, le trochisque de Cyphi, l'huile de scorpion compotée, le baume oppodeldoc, leur extrait dans la theriaque diatessaron, l'orviétan ordinaire, l'orvietanum prastantius; leur huile distillée dans la thériaque celeste, le baume de Leictoure, le baume verd de Metz, l'emplâtre stomacal, l'emplâtre styptique.

La résine de genièvre entre dans les pilules balsamiques de Stanl. On brûle dans les hôpitaux & dans les chambres des malades, le bois & les baies de genievre, pour en chasser le mauvais air.

 


 

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